DANS LES ANNÉES VINGT, une revue vit le jour aux U.S.A., The New Yorker. Elle se voulait libre, cultivée, impertinente. Écrivains, peintres et dessinateurs s'y précipitèrent (qui n'a pas rêvé, depuis, d'être publié dans The New Yorker ? ).
Ce magazine novateur a permis à nombre d'écrivains de continuer d'exister (Nabokov dans les années cinquante a survécu grâce au New Yorker).
Il y a eu un style New Yorker. Aussi bien chez les écrivains (on ne disait pas journalistes, on disait écrivains) que chez les dessinateurs (on ne disait ni dessinateur ni cartoonist, on disait artist).
Un jour, un journaliste anglais demanda au directeur artistique : « Quelle est la caractéristique d'une couverture ? » (c'est le seul magazine au monde qui publie une couverture dessinée, chaque semaine). Le directeur artistique a réfléchi un moment, puis il a répondu : « La caractéristique d'un dessin publié en couverture, c'est que The New Yorker a décidé que c'était une couverture.»
Débrouillez-vous avec cette explication.
William Steig en a publié cent, ou deux cents, ou plus peut-être. Des grinçantes (rarement), des poétiques, des moments de vie que lui seul sait capter. Et des dessins humoristiques, des recherches graphiques, des illustrations.
C'est toujours et encore un des principaux représentants de cet univers assez indéfinissable qu'avec une apparente désinvolture, soutenue par un travail inlassable, le New Yorker a créé.
J.-J. Sempé
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