Avec À l'heure de tes naissances, Serge Ritman publie
son douzième livre de poèmes. Il poursuit une
oeuvre qui travaille le continu du dire sans se résoudre
à le rendre homogène mais en cherchant au
plus près l'écoute de ce que Montaigne signalait fortement
: toutes choses sont en fluxion, muance et
variation perpétuelle. C'est que pour lui, le poème
et le livre de poèmes ne sont pas assignables à une
forme, voire des formes, mais toujours font résonance
à des subjectivations relationnelles qui n'ont qu'à
inventer leur liberté, leur plus grande liberté. C'est
dire si cette poésie cherche à tenir dans sa voix plusieurs
voix et, dans ce mouvement même, à inventer
une poétique qui lie éthique et politique dans des
formes de vie et de langage résonnant les unes avec
les autres. S'il fallait expliquer le titre, ce serait justement
pour souligner la recherche que font chacun
de ces poèmes, leur progression spiralaire ou plutôt
comme la lumière d'une rosace avec ces «galets d'O»
qui lancent autant de ronds en leur centre, recherche
d'une relation à la naissance multiple de l'altérité,
jamais arrêtée à un événement mais toujours
continue à une histoire, à un poème qu'on fait à
deux si même on l'écrit dans la solitude comme on
le lit dans le silence. Solitude et silence y deviennent
alors peuplés d'une multitude de voix, d'échos, de
résonances, de naissances. On peut dire qu'une telle
poésie n'est pas forcément en accord avec son
époque quand elle est nourrie de Claudel mais
aussi de Tsvetaïeva.... mais quel poète doit se plier
au contemporain s'il veut rester libre ! Serge Ritman
a bien entendu la leçon de Desnos : au-delà de la
poésie libre, il y a le poète libre... et le lecteur libre.
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