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En 1904, date de ce voyage de découvertes, mon père n'a pratiquement jamais dépassé le
méridien Poitou-Charente natal.
Il est encore célibataire, vit à Niort, travaille avec son père, libraire-éditeur, et passe toutes
ses vacances à Royan, Royan aux vagues d'or, aux longues marées, où la mer se retire jusqu'à l'horizon.
Il est «descendu» jusqu'à la Côte d'Azur (qu'on vient à peine de baptiser ainsi) pour y
amener sa soeur atteinte de tuberculose comme tant de jeunes filles de cette génération, lesquelles
devaient censément retrouver la santé grâce à son soleil hivernal (qui, à en croire ce récit, n'y est pas
garanti tous les jours).
A cette époque Henri Clouzot est déjà un érudit, s'intéressant aux arts, à leur technique,
à leur renouvellement, ayant jeté un oeil sagace sur tout ce que le passé de sa province pouvait lui
proposer de curiosités, de créations et de pratiques anciennes et modernes. Ceci explique son intérêt
inlassable pour ce que ce littoral inconnu pouvait lui apporter d'inédit, tant dans son architecture
que dans ses coutumes, son folklore, ses métiers d'art et même sa mer si immobile (vingt centimètres
de marée !). Il semble toutefois moins enclin à expérimenter ses spécialités culinaires... malgré une
vive curiosité !
Ayant gardé de mon père le souvenir d'un homme fort sédentaire, je suis dans l'admiration
en lisant ces souvenirs, de le voir parcourir sous la pluie et le mistral glacé, en train, en tramway tiré
par des chevaux, à cheval même, toute la Côte, de Cannes à Monte-Carlo.
J'ai partagé à mon tour, bien plus tard, son horreur des palaces niçois et son goût pour les
petites ruelles tortillées des villages côtiers, mais déjà, dans le Midi que j'ai connu, vers 1930,
n'était plus le même que le sien. Quant à celui d'aujourd'hui, c'est à vous de comparer...
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