L'histoire n'est jamais loin, inscrite dans nos liens avec le monde, et dans les liens qui se tissent entre l'individu et la famille. Delimir Rešicki ne cesse de nous le rappeler. Sa poésie met en scène la guerre et ses conséquences, les injustices, les transitions, l'anéantissement de l'humain et du spirituel. Mais il y a aussi de la tendresse et de l'amour dans les poèmes de ce voyageur mélancolique, sillonnant l'Europe, celle du centre, plus loin la Pologne, ainsi que les plaines de sa Baranja natale. Le ton lyrique de ses poèmes n'exclut pas des passages où son écriture est proche d'essais ou de la narration autobiographique. En dépit de l'expérience de la décadence spirituelle et des horreurs commises par l'homme dans un passé proche, Rešicki sait que le métaphysique existe, et garde foi en la puissance créative du mot.
Sa poésie foisonne de références littéraires, picturales, cinématographiques, musicales, et elle correspond avec celle des grands artistes de notre époque comme d'autrefois. Rešicki nous démontre sans relâche que l'art est ce qui enrichit, tandis que la réalité des sociétés actuelles appauvrit.
Et quand les personnages et les interprètes des films de Béla Tarr, cinéaste hongrois, filmant des vastes plaines boueuses si familières à Rešicki, deviennent protagonistes de sa poésie, c'est « ici/à la frontière des mondes/réels/puis inventés/inventés puis réels [...] » que tout se passe. Ici, la question des frontières est profonde.
Brankica Radić
À présent je sais que je suis
moi
cette terre qui n'est à personne
ce quelque part
où personne ne peut
poser son pied distrait
sans que la porosité profonde
de sa propre voix
ne l'effraie...
Terre qui n'est à personne, Kamov D.R.
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