Si les romans et nouvelles d'Alphonse Daudet
(1840-1897) - notamment Lettres de mon moulin,
Le Petit Chose, Tartarin de Tarascon, Les contes du
lundi - ont connu un immense succès, son oeuvre de
mémorialiste reste à ce jour largement méconnue.
Installé à Paris dès 1857, l'écrivain nîmois fut un
témoin privilégié du XIXe siècle. Il travaille entre 1861
et 1865 au cabinet du duc de Morny, le plus haut
personnage de l'Empire, après Napoléon III, et prend
soin de consigner dans ses fameux carnets noirs tout
ce qu'il a vu et entendu dans la journée. Aussi ces
Mémoires se lisent-ils comme une feuille de température
politique et artistique sur le Second Empire, la
Commune et le début de la IIIe République.
Car Daudet est avant tout un formidable portraitiste.
Il décrit aussi bien la bohème de Murger que
les personnages politiques de premier plan comme
Léon Gambetta ou Henri Rochefort.
C'est aussi toute l'effervescence de la vie littéraire
- des frères Goncourt à Tourguéneff - que croque
l'écrivain dans un style mordant et vif, évoquant au
passage la genèse et l'histoire de ses livres.
Ces Mémoires d'une sombre beauté rendent à
Daudet toute sa place dans le panthéon des écrivains
du XIXe siècle.
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