Lettres à Dominique Rolin
1981-2008
Le temps me file entre les doigts, et je m'accroche à toi pour tenir le coup dans mon travail. Ce que je te dois, minute par
minute, est incalculable. C'est le Temps. Qu'est-ce que ça, le Temps ?
C'est nous, depuis le début, en Espagne, à Venise, à Paris, au Veineux (le coeur).
C'est nous à travers les mots et les pages. Nous-musique : tu entends ?
Fais bien attention à toi, Trésor !
Tu es ma jeunesse, n'oublie pas, Beauté !
Je te prends par le bras sur la place San Agnese.
De bons moments pour deux qui s'aiment ! Ça n'en finit pas d'être nouveau !
Philippe Sollers, lettre du 30 juillet 2008
La période que ponctuent ces deux cent quarante-huit lettres de Philippe Sollers à Dominique Rolin est, pour les deux écrivains, un temps de création intense, sous le signe stable et dynamique de « l'axiome », qui relie indissolublement l'amour à un constant travail d'écriture et de pensée, signant de la sorte la vraie fidélité de l'un à l'autre, dans la vie et sur la page.
Les lettres réunies ici s'avèrent plus brèves que celles de la période précédente (1958-1980) et se mettent à ressembler
aux débuts des romans : variations sur les thèmes de Venise, de l'île-bateau (Ré), de l'orage, du sel, des oiseaux, des fleurs,
des arbres, du temps qu'il fait, ou encore du lien étrange entre écriture et tennis. Interrogations sur l'oeuvre en cours. Lectures abondantes en écho. Musique, encore et toujours. Un autre filon important traverse ces pages : la politique. Ou plutôt : la manière satirique dont Sollers rend compte de la dégénérescence des politiciens.
Et, en toile de fond, une très émouvante connaissance - et reconnaissance - amoureuse, plus nette et plus singulière au fil des ans et des jours.
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