C'est la dernière période de la vie de Roger Martin du Gard.
Son pessimisme grandit. Le bouleversement du monde et les
convulsions internationales l'inquiètent. Les relations avec sa
fille se détériorent. L'âge et ses misères l'accablent ; il se plaint
volontiers, avec humour souvent, de la «décrépitude de la carcasse»...
Sa solitude de «vieil ours insociable et indépendant»
s'accroît. Malgré divers témoignages de sympathie, il sait
que son oeuvre s'éloigne. Il se sent de plus en plus dépassé
par son temps ; mais, dans une époque de «guerres
de religion», il s'obstine à plaider pour «la souveraineté
de l'individu». Il profite de son roman toujours en
chantier, sa «tapisserie de Pénélope», pour exprimer sa pensée.
Il continue de converser avec les amis qui sont toujours
là : Jean Denoël, Jean Schlumberger, Marcel Jouhandeau,
André Malraux... Il s'appuie sur une solide amitié, celle de
la «chère voisine», Marie Rougier. Il s'est fait de nouveaux
amis parmi de jeunes écrivains qu'il conseille et encourage.
Son temps est maintenant compté. Gide est mort en février
1951 ; d'autres disparaissent. Il est dans la «salle d'attente» et
se «résigne à l'inévitable». Le temps de l'inventaire est venu. Il
prépare l'édition de ses OEuvres complètes, heureux d'y voir
associé Camus. Il met en ordre ses manuscrits, classe ses anciennes
correspondances, trie les documents amassés. Il fait ses
valises, les fameuses «cantines» qu'il destine à la Bibliothèque
Nationale.
L'on suit avec émotion le détachement pathétique du vieil
homme face à la mort, qui, jusqu'à la fin, reste fidèle à son principe
: «consentir à soi-même».
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.