1937, c'est une année qui ne dit rien, a priori. Le Front
populaire a un autre millésime, et la Seconde Guerre
mondiale vient peu après. Pourtant, 1937, c'est l'Exposition
internationale de Paris. C'est aussi Guernica et ses mille
bombes incendiaires lâchées sur la petite ville d'Espagne. Et
Guernica, c'est également une toile, celle que Picasso bâtit,
quai des Grands-Augustins, à Paris, pour la présenter au
pavillon des républicains espagnols de l'Exposition internationale.
L'auteur raconte ici le roman de 1937, en partant du
catalogue officiel de cette «Exposition internationale des Arts
et des Techniques appliqués à la vie moderne». S'y succèdent
les clichés en quadrichromie des différents pavillons que
le concert des nations de l'époque a posé sur les bords de la
Seine. Cartes postales lisses, irréelles et trompeuses au
regard des cris et convulsions en noir et blanc de Guernica.
Nous suivons le photographe chargé de confectionner le
catalogue, procédant à la fabrique de ce réel moderne,
perfectionné, et, en contrepoint, à travers le regard photographique
de Dora Maar, nous assistons au travail de Picasso.
Deux regards, deux visions, dont la coexistence historique
nous rappelle à quel point l'insouciance, la légèreté, l'illusion
du progrès, peuvent être tragiquement contemporaines de la
barbarie en marche. Un rappel à la vigilance.
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