Editée par Ramuz lui-même, la première version publiée de Terre du ciel date de 1921, le roman reparaîtra en 1925, remanié, aux Editions Grasset, sous le titre de Joie dans le ciel. mais sa genèse est ponctuée de tentatives inabouties, entre « La Résurrection des corps », en 1916-1917, et « Vie dans le ciel », abandonné en septembre 1921. Ces étapes intermédiaires reflètent les tâtonnements de l'écrivain qui, désireux de mettre en mots la vie après la mort, interroge le motif de la résurrection et met à l'épreuve sa représentation. Ce sujet « impossible », aux dires des commentateurs, marque un seuil majeur dans le parcours de Ramuz, car Terre du ciel relève bel et bien le défi, lancé en 1914 dans Adieu à beaucoup de personnages, de songer par l'écriture « l'inconnu des choses et de leur sens intérieur, qui est l'inconnu de nous-mêmes ».
Présence de la mort, paru à Genève chez Georg en 1922, explore quant à lui une situation qu'annonçaient Les Signes parmi nous : la fin du monde n'y est plus ni fantasme ni menace, elle est effective, et le récit s'emploie à peindre les conséquences, individuelles et collectives, de la catastrophe imminente. Dans un registre que d'aucuns ont rapproché de la science-fiction, l'apocalypse y est relatée par une juxtaposition de courtes histoires, au moyen desquelles la narration signifie la désintégration de la société confrontée à sa fin. La mise en scène de divers avatars de l'artiste et le lyrisme de l'épilogue, où le roman bascule, dans une tonalité mystique, ne corrigent que partiellement l'atmosphère dépressive de Présence de la mort : rien d'étonnant dès lors à ce que certain critique, désarçonné par le contenu autant que par l'audace stylistique du texte, l'ait qualifié « sublime cacographie ».
Une année plus tard, La Séparation des races, publiée à Paris, aux Editions du Monde nouveau, reprend l'intrigue du « Feu à Cheyseron » (1912) : c'est donc le génie de la variation, plus que la nouveauté de l'inspiration, qui frappe le lecteur découvrant cette évocation du rapt, par un berger valaisan, d'une jeune fille allémanique. Quand bien même l'attention de Ramuz se porte sur le retombée collectives de ce geste, ce retour au passé contraste avec l'esprit qui anime les deux romans précédents, tous deux traversés de questionnements métaphysiques et hantés par le problème de la finitude de l'homme.
Ce volume contient « Vie dans le ciel », Terre du ciel, Présence de la mort et La Séparation des races. Le disque qui l'accompagne comprend les quatres versions de Terre du ciel (1921,1925 - sous le titre de Joie dans le ciel - et 1941 - deux éditions), les deux versions de Présence de la mort (1922 et 1941) et les deux versions de La Séparation des races (1923 et 1941), qu'un logiciel permet de comparer. Y figurent également la reproduction intégrale, en fac-similé, d'un dactylogramme de « Vie dans le ciel », et celles de quatre documents liés à Terre du ciel, avec leur transcription en regard.
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