Dans les années 1865-1868, les Concourt, publient deux romans (Germinie Lacerteux, 1865 ; Manette Salomon, 1867), achèvent la rédaction d'un troisième (Madame Gervaisais), font représenter au Théâtre-Français Henriette Maréchal (1865), trouvent l'énergie d'écrire un autre drame, Blanche de La Rochedragon (1868), s'avèrent moralistes et esthètes dans Idées et sensations (1866), complètent L'Art du XVIIIe siècle de monographies nouvelles. Leur vie est parfois subordonnée à la mise en réserve d'une assise documentaire (séjours à Barbizon, voyage à Rome). Le morcellement de l'écriture diaristique réfracte ainsi, dans ses éclats, une existence qui semble elle-même se composer de morceaux successifs au gré des contraintes engendrées par la rédaction des oeuvres, par la participation à des rites sociaux ou mondains et, dès 1867, par une maladie qui les incite à déménager, à cause d'une hantise du bruit, dans la célèbre maison d'Auteuil. Plus que jamais, ils souhaitent obtenir une double consécration, celle du monde,
celle des hommes de lettres qu'ils estiment leurs pairs. Cette consécration demeure incomplète, et l'échec d'Henriette Maréchal renforce leur conception doloriste de la création artistique. Des jeunes écrivains, sensibles à la poétique nouvelle qui caractérise Germinie Lacerteux, se tournent, cependant, vers eux : Jules Vallès, Émile Zola. Le Journal des Goncourt, qui fait alterner maximes de moralistes, portraits caricaturaux, anecdotes souriantes, paysages en prose, jugements esthétiques, propos rapportés, est le précipité des tensions entre l'ordre du Monde, dont les deux frères ne récusent pas les vanités, et une religion de l'Art qui tient lieu de transcendance et de compensation.
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