Ma soeur me semble plus frêle, plus fragile encore dans sa robe de taffetas blanc. Une petite fille déguisée en mariée.
Sous la mousse de dentelles, on ne distingue que ses pieds nus aux ongles laqués d'un vernis rouge vermillon, ses bras croisés sur son ventre, ses mains pâles jointes. Grâce et immobilité.
Un voile vaporeux cache ses cheveux, son cou et son visage. Je me penche. Mes mains tremblent. J'effleure le tulle léger. Mes yeux ne cillent pas face à son visage tuméfié, abîmé, pleins d'ecchymoses. La balafre grenat sous la pommette droite contraste avec la pâleur froide de sa peau.
C'est une tante, une soeur de mon père, venue du fin fond de l'Italie qui a eu cette idée folle. Vêtir ma soeur en mariée. C'est une ancienne coutume en Calabre, quand la morte est jeune, pure, on l'unit symboliquement à Dieu.
En plein coeur de l'été, ma soeur est morte. Ma soeur est morte. Je dois me répéter mille fois ces quelques mots pour le croire. En vain.
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