Mettre en regard l’actualité sociale et politique du concept d’étranger, d’une part, et, d’autre part, la réactivation dont il fait l’objet dans les sciences sociales, tel est l’objectif proposé pour la deuxième séance du séminaire annuel de l’IRMC 2000-2001 Identités et territoires : les catégorisations du social. La notion d’étranger renvoie, bien sûr, à la question de l’identité et de l’altérité. À ce titre, elle imprime les relectures actuelles de la construction des États-nations, notamment au Maghreb. Elle peut être aussi déclinée en tant que statut et représentations, et en tant que catégorie. Statut et représentations de l’étranger se construisent selon des cadres de référence entrecroisés : politique et idéologique, social, culturel (langues, familles, communautés) et cultuel. La complexité de « l’étranger » vient du fait que l’élaboration de la notion ne peut échapper à l’effet de contexte(s) et de lieu(x). Lieu(x) : cadre national, villes (« sas » ou quartiers), régions, « pays » ou terroirs, frontières... Contexte(s) : économique (périodes de crise ou de prospérité ; statuts des acteurs économiques), historique (formation des États-nations ; partages, annexions ou recompositions des ensembles territoriaux) ; culturel (traditions juridiques, pratiques linguistiques, appartenances religieuses...). Prendre en compte les différents registres de la notion d’étranger (et leur transformation), selon les représentations et les projections collectives d’aujourd’hui, tout en confrontant les approches disciplinaires du concept, devrait permettre de revisiter « la question ». C’est aussi une façon de s’interroger, à partir de la construction d’une catégorie, sur la relation existante entre demande sociale, demande de sens et repositionnement des sciences sociales.
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