Les catastrophes rythment notre quotidien. L'avenir est pavé d'apocalypses, la nature est fragile, la société aussi. Aux peurs anciennes s'ajoutent des peurs nouvelles : Tchernobyl, effet de serre, tempêtes cycloniques, vache folle, 11 septembre, explosions industrielles, mafias... Nous sommes prêts à troquer plus de libre arbitre au profit de la prévention et de la précaution. Notre inquiétude est si vive que nous imaginons mal un destin autre qu'une maîtrise absolue des risques.
Mais toutes ces catastrophes sont en partie des constructions. Le catastrophisme masque les drames du présent qui sont le plus souvent l'effet de la concentration des richesses, de l'absence de développement, de la faible diffusion des techniques et des savoirs. Il atrophie les politiques publiques et internationales en imposant des normes supposées préserver l'avenir, mais aux effets immédiatement tragiques pour les pays pauvres. La peur des catastrophes crée des catastrophes. Elle conforte l'individualisme des nantis et met à mal tous les schémas classiques de protection et de transferts des risques en refusant les modalités de la mutualisation, de la solidarité, de la confiance et du partage.
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