Rarement une guerre aura fait couler autant d'encre. En 79 jours de bombardements, journalistes, spécialistes, mais aussi intellectuels et artistes vont inonder les colonnes des quotidiens et des hebdomadaires de prises de position, d'analyses et de commentaires. Sur Internet, des dizaines de sites se créent, tribunes de tel ou tel camp qui y déploie toutes les batteries de sa propagande. Avec le recul, l'image laissée par les médias pendant cette guerre est tout sauf monolithique. Le journaliste, de simple témoin plus ou moins objectif, devient véritablement acteur du drame. Reporter, envoyé spécial ou membre d'un desk, il est en première ligne de la bataille de l'information que se livrent Belgrade et Bruxelles. Il est à la fois soldat, otage, moteur et victime de la lutte pour le monopole de la vérité. Côté serbe, il est le porte-drapeau d'une idéologie destructrice. Côté occidental, il se fait le rapporteur, conscient ou non, d'une certaine image de la guerre. Dans les journaux, sur les chaînes de télévision et de radio, et sur Internet enfin, plusieurs guerres se développent progressivement en parallèle. Le tout compose cette bataille de l'information dont la réalité des combats sur le terrain n'est plus qu'une facette, de plus en plus occultée.
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