La revue du MAUSS n° 58
Deuxième semestre 2021
Notre vie est tissée de récits. Parfois même d'histoires à dormir debout. De ces récits d'imagination que nous offrent la littérature et ses fictions, mais tout autant de ceux, plus ordinaires, que nous échangeons avec nos proches.
Pourquoi les récits occupent-ils une si grande place dans nos vies ? Pourquoi prenons-nous un plaisir si vif tant à raconter qu'à écouter ou lire des histoires ? L'hypothèse de ce nouveau numéro du MAUSS est que la réponse à ces questions est à chercher dans les relations entre don et récits Raconter, n'est-ce pas avant tout donner ? Le récit n'est-il pas fondamentalement généreux ?
Ce sont ces générosités du récit que ce numéro propose d'interroger à travers la multiplicité des formes narratives : récit poétique, épique, romanesque, historique, mais aussi conte, histoire drôle, prière à Dieu ou à ses saints, récit de soi sur le divan de l'analyste, etc.
En relatant des faits (réels ou imaginaires), le récit relie un donateur et un donataire, mais quelle est la nature des relations qui se nouent ainsi ? Et notamment entre auteur et lecteur. Car le récit de fiction est aussi offrande, de vie, donnant à voir des événements, des êtres, mais aussi des possibles qui sans lui resteraient lettre morte. Et n'oublions pas le plaisir du récit : ce qui se donne, libéralement.
Cette dimension esthétique et créative, dont attestent ces multiples récits, n'est-elle pas d'ailleurs l'un des fondements du social, en cela qu'il désigne, plus que l'obligation ou la nécessité d'être ensemble, le plaisir partagé qu'on y éprouve ?
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