Qui ne connaît ce divertissement de société où chacun
est invité à se définir par un jeu de comparaisons. Dans
le célèbre questionnaire qui en est l'héritier, Proust
invite à se métamorphoser en pays, en couleur, en fleur,
en oiseau. C'est à la question «Si j'étais un jardin...»
que Ligne s'attache à répondre avec son Coup d'oeil sur
Beloeil. Car Ligne est tout entier dans Beloeil et, dès
lors, en décrivant Beloeil, Ligne ne cesse de parler de
lui, que ce soit sur le mode autobiographique ou, de
manière plus générale, pour livrer ses conceptions
morales et esthétiques. Certain que la plupart de ses
lecteurs se tromperaient sur le sens profond de l'opuscule,
Ligne a mis en garde à plusieurs reprises ceux qui
y chercheraient, qui un traité de jardinage, qui une
relation de voyage. Ceux-là n'y trouveront pas leur
compte et refermeront bien vite ce livre en se demandant
si le prince ne s'est pas moqué d'eux et si sa réputation
n'est pas que snobisme. Certes, l'abondance des
descriptions ainsi que la quantité de jardins évoqués à
travers l'Europe entière paraît relever des genres
dûment répertoriés du traité, du guide ou du journal.
Mais cette dimension documentaire, si riche soit-elle,
n'est pas celle qui prédomine. En réalité, le Coup d'oeil
sur Beloeil est un autoportrait en forme de jardin.
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